Pour la naissance des paroisses Dominique Bouverat nous dit : les études générales sur la France situent plutôt ce phénomène au VIIe siècle, les historiens locaux quant à eux avancent des dates antérieures en se référant notamment à la théorie de la dédicace des églises pour les datations. Certains saints en effet se révélèrent vraisemblablement plus populaires à certains moments.
Fabrice Mouthon dans son ouvrage sur « les Bauges médiévales » suit le même type de raisonnement. Il note l’absence d’hagyotoponymes pour dater certains noms de communes antérieurement à l’apparition des paroisses. Il nous demande de se référer au nom des saints attribués à une paroisse pour dater l’apparition de celle-ci. Cette méthode n’est pas 100% fiable, mais peut nous aider.
- Saint Jean-Baptiste, Saint Laurent, Saint André ont des patronages en vogue à l’époque mérovingienne (481-411). Ils en est surement de même des Saints apôtres !
- Saint victor et Saint Maurice seraient plus tardifs (carolingien 700-924)
- Saint Michel se répand hors d’Italie à l’epoque carolingienne (carolingien 700-924)
- Les dédicaces à la vierge et aux Saints guérisseurs sont fréquentes entre le X et le XIIeme siècle.
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Un exemple de datation pour la création d’une paroisse est donné par M.Mégevand dans son article sur Beaumont qui nous dit que cette paroisse a surement été créée au Vème siècle puisque son patron est Saint Etienne, premier martyr de l’ère chrétienne. M.Megevand nous dit : « Nous suivrons aisément le raisonnement du chanoine Berthoud qui considère que « l’attribution du patronage d’un saint, ayant vécu avant cette date [400 après J.-C], est un gage absolu de l’antiquité de cette église… L’ancienneté des églises est liée à l’ancienneté de la dévotion de leur saint patron ». Cette affirmation est confirmée par Folliet qui relève que lors de la visite de l’évêque de Genève en 1412, le curé Jean de Colognier est le 70e curé, ce qui sur la base de sept curés par siècle ferait remonter la paroisse aux environs de l’an 400. » M. Mégevand ne se contente donc pas de l’intuition du chanoine Berthoud et sa déduction prend donc une autre valeur. Faut-il le suivre ? Beaumont proche de Genève aurait alors été une des premières paroisses de la région.
L’évangélisation de la région Savoie est tardive, il y a avait de nombreuses abbaye en périphérie de la « Savoie » mais la première Abbaye fut celle d’Aulps en chablais (1092). Autour du Léman les sanctuaires sont nombreux au moyen-âge et le premier évêque de Genève « Dominius » est daté du début du IVème siècle. De nombreuses paroisses ont eu comme origine des prieurés, les moines exerçaient les fonctions de curé (voir ci-dessous l’état de lieux au XIVème siècle). Donner une date pour la création des paroisses dans le grand genevois est difficile ! Il est variable selon les lieux et doit dépendre de l’enchevêtrement des châtellenies ! Nous donnerons une fourchette de 900 à 1100 ! Plus en amont ? La création d’une paroisse est presque toujours liée à la construction d’une église. La proximité de Genève a peut-être permis une anticipation pour certaines paroisses (Vème Siècle ?) .
Les nominations des curés étaient faites soit par les monastères, soit par des nobles en leur qualité de fondateurs des paroisses. « L’impôt ecclésiastique » était alors partie de l’impôt du noble ou du monastère.
En France, les registres paroissiaux sont tenus par l’Eglise à partir du 10:08:1539 et l’ordonnance De Villers-Cotterêts. En Savoie à partir du 29:05:1561 et l’ordonnance d’Emmanuel Philibert.
Pour désignées les communes nous utiliserons indifféremment dans nos articles le vocable de « circonscriptions communales » ou « communes » même si le terme « commune » serait à réserver pour la période post-révolutionnaires. En genevois, les limites de ces circonscriptions (communes ou paroisses) étaient liées à la géographie montagneuse, aux cours d’eau, aux forêts denses, aux zones humides et donc aux temps de déplacement. La commune représentait un groupe de personne. Elle apparaît souvent (ou plutôt nous en notons la trace) lors des règlements de conflits. Ce sont des conflits avec les nobles, les moines ou le village voisin…voir la paroisse ! Les limites de la paroisse ont souvent délimités les communes.
Nous verrons toutefois quelques exemples d’affrontement entre communes et paroisses !
- Les Villards sur Thones vs la paroisse de Thones
- Villy le Bouveret vs la paroisse de Menthonnex en Bornes
- Balmont vs la paroisse de Quintal
En Savoie, une ordonnance du duc Emmanuel Philibert du 29/05/1561 impose au clergé la tenue des registres paroissiaux.
Les circonscriptions communales se généralisent à la fin du XVIIème siècle avec la baisse des influences des châtellenies. Les circonscriptions communales cooptaient un syndic assistés de conseillers les autres membres étant appelés des « communiers ». Toutes les familles sont normalement représentés dans cette assemble communale. Ces assemblés perdureront jusqu’en 1793. Les limites des communes sont réellement dessinées avec la mappe de 1728. En France, Louis XIV crée la charge de maire perpétuel à la tête des échevins le 27/08/1692. Dans le royaume de Savoie, le rôle de syndic reste important.
En 1771, édit du roi Charles Emmanuel III abolissant les droits féodaux. Les Hommes taillables peuvent racheter les droits au seigneur (affranchissement). Certains affranchissements avaient toutefois anticipé cet édit, le seigneur ou le clergé ayant trouvé avantages à recevoir une grosse somme en une fois plutôt que des impôts difficile à percevoir. Ces rachats sont très chers de 10 à 20 ans d’impôts !!! Les rachats de 1771 sont décidés et réalisés par les communes à la majorité des deux tiers de l’assemblée communale ou chaque famille est représentée. C’est lors de la première annexion de la Savoie par la France révolutionnaire le 27/10/1792 que la loi française s’applique en Savoie. Avec la création du département du Mont Blanc (Savoie et Haute-Savoie). Le département compte 7 districts, 83 cantons et 652 communes ! Les communes élisent leur municipalité à partir du 20/01/1793.
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Pouillé du diocèse de Genève
http://www.digi-archives.org/fonds/edit-gen/static/decanats.html
Au commencement du XIVe siècle, ou Catalogue des églises qui, à chaque visite de l’évêque, lui payaient la redevance dite Procuration (vers 1344)
Dans la pièce originale, la finance due par chaque église est marquée à côté du nom de celle-ci ; le produit total est de 964 livres et deux sous. Le nombre des églises taxées est de 443, savoir : les abbayes d’Abondance, Entremont, Filly et Sixt ; 50 prieurés ; et 389 cures, hospices ou chapelles. Il faut observer toutefois qu’un grand nombre de monastères ne figurent pas dans le Pouillé, probablement parce qu’ils étaient exemptés de la finance à payer, telles sont : les abbayes de bénédictins d’Aulps, de Bonmont, de Chézery et de Hautecombe; les sept chartreuses du diocèse, Aillon, Arvières, Mélan, Oujon, Pomier, le Reposoir et Vallon; enfin tous les couvents de femmes, et les maisons de l’ordre du Temple. Il en est de même des huit paroisses de Genève et des établissements religieux existant dans les limites de la ville. Les tableaux suivants reproduisent les noms des prieurés, des paroisses et des chapelles mentionnées dans le Pouillé : tous sont classés par décanats, comme dans la pièce elle-même ; on les a seulement rangés ici par ordre alphabétique pour en faciliter la recherche.
PRIEURÉS | |||
DÉCANAT D’ALINGE
Bellevaux |
DÉCANAT D’ANNECY
Etercy |
DÉCANAT D’ANNEMASSE
Ville-la-grand |
DÉCANAT D’AUBONNE
Ardon-en-Michaille |
DÉCANAT DE CEYSÉRIEU
Anglefort (Enflafol) |
DÉCANAT DE RUMILLY
Bonneguête |
DÉCANAT DE SALLANCHES
Chamonix |
DÉCANAT DE VULLONNEX
Lully |
PAROISSES ET CHAPELLES | |||
DÉCANAT D’ALINGE
Alinge |
DÉCANAT D’ANNECY
Aillon |
DÉCANAT D’ANNEMASSE
Annemasse |
DÉCANAT D’AUBONNE
Allaman |
DÉCANAT DE CEYSÉRIEU
Abergement |
DÉCANAT DE RUMILLY
Albens |
DÉCANAT DE SALLANCHES
Aisery |
DÉCANAT DE VUILLONNEX
Banz |
Arch. de Genève, Grosses de Peney, vol. I. — M. D. G. t. IX, p. 223 à 236, où l’on trouve tous les noms latins avec leur concordance, ainsi que les taxes pour chaque église. – Mallet a supposé que ce Pouillé pouvait être de l’année 1344 environ, mais comme rien n’en constate la date même approximative, il est naturel de le placer après la bulle de Clément V relative aux visites d’églises dans le diocèse. — Pour l’emplacement de chaque prieuré ou paroisse, voy. la Table générale, ainsi que la carte du diocèse qui a été préparée d’après ce Pouillé.
Nota : Le décanat de Savoie ou archiprêtré de Savoie, est une ancienne circonscription administrative catholique regroupant une majorité des paroisses de l’ancien comté de Savoie et constituant l’une des quatre subdivisions de l’évêché.
Bibliographie :
- L’église de Genève, du premier siècle à l’an mille, abbé Alain René Arbez
- Beaumont et le Chable / Claude Megevand /2011/ La Salévienne, société d’histoire régionale
- Fabrice Mouthon « les Bauges médiévales »