Les Taponier

Histoire des « Taponnier »

Version du 18-09-23 par ChD

Taponier un patronyme que l’on retrouve dans de nombreux villages du genevois. Un patronyme pour des personnages célèbres et de nombreuses histoires.

Le nom Taponier pourrait venir de « tapon » en ancien-français, à savoir un petit morceau de bois qu’on…tape pour caler quelque chose. Quelque chose qu’on coince avec une petite pièce de tissu, et qui bouche quelque chose…Vous avez deviné: il s’agit d’une barrique ou d’un tonneau. Le tapon, c’est le bouchon de la barrique! Le taponier est donc, très normalement, le fabricant de bouchons pour tonneaux.
Le nom est surtout porté en Charente-Maritime. C’est sans doute le surnom d’un fabricant ou d’un marchand de bouchons (sens de l’ancien français tapon), mais on peut aussi penser à un sobriquet pour un personnage tout petit.
Faut-il écrire Tapponier, Tapponnier, Taponier ou même Taponyer, Tappugnier ? Nous verrons que dans le genevois c’est très probablement différentes orthographes pour une même branche familiale! Comme générique nous prendrons Taponier l’orthographe attachée à la branche que nous avons explorée.

Origine des Taponier

Avant de décoder ces différentes orthographes, attachons nous à éclaircir l’origine de cette famille.

Dans son exposé sur « la naissance d’un village, le Chable », le chanoine Berthoud donne les Taponier comme étant à l’origine de ce village. Catholiques, ils seraient venus, de Genève (entre 1500 et 1550), se mettre sous la protection de la duchesse Charlotte de Savoie Nemours dont les huguenots s’étaient engagés à protéger les terres (Beaumont dans le mandement de Ternier restant protestant / Jussy(1), le Chable, Présilly catholiques sur le territoire de la Duchesse).

Nous avons retrouvé un article dans : “Registres du Consistoire de Genève au temps de Calvin. Tome I, 1542-1544 p 169-341-345” que nous vous transcrivons.

“On demande à Claude Tappugnier, ferratier, s’il entend
être sauvé par les bonnes œuvres : il répond qu’il entend, qu’il sera sauvé par la miséricorde de Dieu et les bonnes œuvres ». Il croit que Dieu agrée les bonnes œuvres, qu’il est bon de prier pour les morts et de prier la Vierge Marie, qui a puissance d’intercéder pour nous. • Ses opinions sont trop catholiques; on lui fait des « remonstrances ».”

Ce Tappugnier était  un de nos Tapponnier que nous retrouvons à Andilly. Dans les tomes suivant du même ouvrage. On trouve un Jean Tapponier emprisonné pour blasphème en 1548 (tome 3 page 50) et en 1551, un Jacques Taponnier, bourgeois (tome 6). Ce jacques est dit allias Bouvier (reçu en bourgeoisie en 1551).

Dans le tome 6 on nous donne plus d’information sur Claude. Il est dit ferronnier de Présilly et admis en bourgeoisie le 29 janvier 1521. Il se maria 2 fois. Il épousa d’abord la fille de Jacques Furjon puis, après 1546, Françoise Chateauneuf[1] [2]. Les Chateauneuf d’Oisères étaient une famille noble de Picardie[3] selon Galiffe.

Le chanoine Berthoud n’avait certainement pas connaissance de la gabelle du sel[4] de 1562 qui fait mention de 3 feux Tapponyer à Andilly ! Ce document ne contredit ni n’infirme les hypothèses du chanoine, il apporte simplement un complément d’information et pose une fois encore la question sur l’origine et la généalogie de la famille Tapponier avant 1549.
On note 6 feux au Chable en 1576, tous Taponier !!! Certains prénoms de 1576 sont les mêmes que ceux d’Andilly en 1562 ! Sont-ce les mêmes personnes ? Gageons qu’étant donné le grand nombre de feux à Andilly en 1562, et en 1576 au Chable, les Taponier sont probablement installés antérieurement à la date de 1562 dans ces paroisses ! Leur première implantation fut-elle à Andilly ou au Chable ? Venaient-ils de Genève ?

  • Pour Genève, les Taponier les plus anciens sont notés vers 1550 par Galiffe[5]
    • Pour Andilly c’est 1562 avec la gabelle du sel
    • Pour Le Chable-Beaumont c’est 1576
    • Pour Viry et Saint-Julien et Présilly ce sera plus tard vers 1600 !

Il nous faudrait des documents pour Andilly antérieurs à 1562 pour trancher. Retenons donc hypothèse du chanoine Berthoud avec une certaine prudence toutefois. Les Taponier sont une seule famille, ils ont fondé le village du Chable, il faudrait donc en déduire que les Taponier d’Andilly sont issus de ceux du Chable.
Nos recherches généalogiques, nous indiquent que les Taponier de Présilly sont issus d’Andilly ou du Chable, ceux de Viry/Vers viennent d’Andilly….

Comme souvent en Savoie un deuxième nom a été accolé au premier pour distinguer les familles avec un même patronyme. Ce ne fut pas systématique pour les Taponier.

Les Taponnier du Chable

Au 20ème siècle, on note deux branches au Chable: Ils sont d’une même origine par Martin Taponier dit Baron né en 1605 avec une séparation des descendances et parfois des orthographes différentes : les Tapponier “horticulteurs” du haut de Chable et les Taponier “négociants” de la maison du bas du Chable. Le chanoine Berthoud parle de la maison Tapponier du haut du Chable non loin de la boulangerie au sommet du Chable (ceux qui seront horticulteurs en 1870). Des Tapponier occupent la maison dite Taponier du bas du chable dont une partie fut habitée par Hypolite Bertherat dit Paccard époux de Joséphine Taponier quelques temps après la naissance de leur fils Louis à La Roche en 1896 et avant 1913, date à laquelle Joséphine gère l’un des 13 cafés-restaurants du Châble.

Henriette ma mère, fille d’ Hypolite et Joséphine, et Raymond Tapponier, son conscrit et camarade d’école, qui se considéraient issues de deux branches distinctes étaient donc cousin au 9ème degré !!!!

 


L’orthographe du nom.

Nos ascendants directs du Chable s’orthographient Taponier avec 1 « p » et 1 « n », mais cet orthographe provient d’une erreur de transcription qui date de mai 1710 et la naissance de Jean Louis Taponier au Chable. Avant cette date toutes les branches étaient retranscrites avec 2 « p » et 1 « n ». Cette erreur aura au moins permis de distinguer les branches après cette date ! Une autre manière de distinguer entre les branches est le suffixe souvent attachée au nom au XVI et XVIIème siècle. Ainsi trouve-t-on des Tapponier dits Cadet, des Tapponier Pantan, des Taponier dits Goffet (ou Gosset), des Taponier dit Baron (notre branche, des Tapponier dit Faguets.

Des Personnages singuliers par ordre chronologique.

  • Etienne Taponier (1672-1770) fut rendu célèbre en 2009 par Suzanne Girod qui fit une conférence sur cette période de 1709 année du mariage d’Etienne avec Jeanne BouchexCette conférence a été retranscrite par Bernard Girod dans le journal de la société Salévienne Le Benon” n°65 de l’été 2009″[6]. Etienne était issu de la branche « dit Faguet ».
  • Alexandre TAPONIER(1749-1831), vainqueur de la Bastille. Fils d’Augustin Taponier et de Jeanne Lagier, Alexandre-Camille Taponier voit le jour à Valence le 2 février 1749. Général de division de la Révolution française qui s’illustre particulièrement lors des guerres de la Première coalition, aux Batailles de Wissembourg le 13 octobre 1793 et de Kaiserslautern du 28 au 30 novembre 1793
  • Jean Claude TAPONIER (1743-1821) Il eut un grand rôle à la révolution. Cabaretier au chable, il fut élu député (source Felix Croset) pour étudier le rattachement de la Savoie à la France[7]. Il fut le maire de Beaumont en 1792 (maire pendant 2 mois) C’est lui qui signa l’inventaire de l’abbaye de Pomier fait par les émissaires de Carouge. Cet inventaire fut suivi par la destruction de la plupart des documents appartenant aux moines. Jacques André Borgel prit sa succession (ouvrage de Felix Croset page 105).

Son fils Jacques Mariefut réquisitionné le 28 avril 1793 avec 3 autres citoyens du Chable pour aller servir la France:
Jacques-Marie fils de Jean-Claude Taponier, âgé
d’environ 21 ans, cheveux et sourcils noirs, yeux bleus, visage un peu long, nez un peu gros, taille 5 pieds et 1 pouce.

  • Hippolyte-Marie Tapponnier(1865-1911) TAPPONNIER, Hippolyte-Marie, naquit le 4 mars 1865 à Archamps (Haute-Savoie), et fit ses études classiques à l’institution de l’Immaculée-Conception à Evian-les-Bains. Entré laïque au Séminaire des M.-E. le 18 septembre 1885, il fut ordonné prêtre le 22 septembre 1888, et partit le 30 octobre suivant pour le Yun-nan. Après un séjour de quelques mois dans la capitale de cette province, il fut envoyé dans la préfecture de Kiu-tsin, à Yo-fong, village composé d’une quarantaine de familles de race lolote, auxquelles il parvint à infuser une véritable vie chrétienne. Il établit une confrérie sous le titre Pour les âmes du Purgatoire. S’étant dévoué à soigner des cholériques que leurs parents et leurs amis abandonnaient, par crainte de la contagion, il fut atteint du fléau. Il mourut à Yo-fong, le 9 septembre 1911 (source IRFA).
  • André Taponier(1869-1930)
  • Né en 1869 à Beaumont (Haute-Savoie), mort tragiquement d’un accident automobile à Paris le 25 décembre 1930 (voir procès en appel Amiens[8]), est un photographe français, actif de 1895 à 1930, spécialisé dans les portraits de célébrités. Il suivit le destin tragique de son frère Louis décédé accidentellement en 1923. André fit ses débuts dans la photographie chez Fred Boissonnas à Genève et en 1895 créa son propre atelier à Reims où il fit la connaissance de Dom Augustin Marre, auxiliaire du cardinal de Reims, et abbé de Notre-Dame d’Igny, général des cisterciens. En 1901, Fred Boissonnas, désireux de créer un atelier à Paris, proposa une association, à part égale, à son ancien collaborateur pour créer l’atelier Boissonnas et Taponier, situé 12, rue de la Paix, à Paris. André Taponier fut le principal animateur et créateur artistique de cet atelier de grande renommée où passèrent entre autres les têtes couronnées de l’époque, la famille d’Orléans, des écrivains célèbres comme J.-K. Huysmans, des sculpteurs comme Troubetskoï, Bugatti, José de Charmoy, des artistes de théâtre et bien d’autres célébrités. En 1912, il racheta à Fred Boissonnas sa participation dans cette affaire. Voir en lien Les Photos d’André[9] .
  • Louis François Taponier(1871-1923) est un des frères d’André ci-dessus. Sa voiture conduite par Edouard Eugene Lion son chauffeur fut écrasée par une locomotive au passage à niveau de Ternier (Saint-Julien en Genevois), le garde barrière ayant oublié de fermer les barrières ! Lucie Benoit épouse de M.Lion vécue jusqu’en 1976 dans la maison Taponier du Chable, elle fut une personne importante de la paroisse du Chable. Avant cet accident, Louis était associé depuis 1912 avec Henry Girod dans la société fromagère Girod et Taponier qui deviendra Girod après la mort de louis[10].
  • Paul Tapponnier(1884-1970),
  • homme politique, député de la Haute-Savoie. Paul Tapponnier est l’une des figures politiques les plus populaires de la Haute-Savoie, durant la première moitié du XXe siècle. Bien que né à Genève en 1884, il débute sa carrière à Collonges-sous-Salève, village frontalier où son père s’était installé[11]. Assureur de profession avec son frère Georges, il s’occupe beaucoup d’action sociale, et rédige pour différents journaux et revues des articles enflammés et pleins d’enthousiasme, qui parurent sous divers pseudonymes : Paul du Salève est le plus courant. Il a laissé un important fond aux ADHS sous la cote 52 J. Paul fut un fervent catholique! Il milite dès son jeune âge aux ACJF[12].Nous vous donnons en annexe une liste des ouvrages qu’il a publié et des biographies qui lui sont consacrées.
  • Paul Tapponnier(1947-) Géophysicien, membre de l’académie des sciences.

Stéphane Taponier, né le 17 juillet 1962 à Marseille, est un journaliste reporter d’images français pour la chaîne France 3, enlevé le 29 décembre 2009 en Afghanistan et libéré le 29 juin 2011

 

 

ANNEXE 1

Listes non exhaustives des ouvrages en références à Paul Tapponnier (1884-1870)[13]

AUTEUR TITRE EDITION
Paul Tapponnier Ange-Marie d’Eymar, premier préfet du Léman “Revue  savoisienne” DATE
Paul Tapponnier Au gré des jours du XVIIIe siècle : le résident de France Pierre-Michel  Hennin “Revue  savoisienne” [1958]
Paul Tapponnier Cinquantenaire de la mort d’André Theuriet [1957]
Paul Tapponnier Le comte Claude-Louis Berthollet, célèbre chimiste savoyard Académie  florimontane
Paul Tapponnier Dans le Proche-Orient Impr. H. Elias 1921
Paul Tapponnier Dans les Alpes en 1793 : épisode révolutionnaire Imprimerie L.  Dépollier et Cie
Paul Tapponnier En Savoie, par monts et par vaux Laffite Reprints 1923
Paul Tapponnier Les Espagnols en Savoie : 1742-1749 Imprimerie L.  Dépollier et Cie
Paul Tapponnier L’historien Louis Madelin et son ascendance savoisienne Académie  florimontane
Paul Tapponnier Jean Pierre Rambosson de Saint-Julien-en-Genevois Académie  florimontane
Paul Tapponnier Jean-Joseph Foncet de Montailleur, le préfet Capelle et les Genevois Académie  florimontane
Paul Tapponnier A l’aube des grands jours : dix ans après. Imprimerie  Masson
Paul Tapponnier Les louis d’or des Genevois et l’équipée d’Yvoire au temps du Roi-Soleil Académie  florimontane
Paul Tapponnier Revue savoisienne : Le Marquis de Florian et les Belles Genevoises dans les Coulisses de la  Finance “Revue  savoisienne” 1955
Paul Tapponnier MDAS divers articles : Mémoires et documents publiés par l’Académie salésienne. 064 Académie  Salésienne 1948
Paul Tapponnier Divers articles : MDAS  Mémoires et documents publiés par l’Académie salésienne. 78 Académie  Salésienne
Lucien Joly Biographie de Paul Tapponnier, 1884-1970 : du militantisme catholique à l’action  politique  Echos saléviens : revue d’histoire régionale. 17 La Salévienne 2008
Paul Tapponnier Le traité de Turin du 3 juin 1754 – L’Irascible Major Autrichien et les  Carougeois 1954
Paul Tapponnier Veille du Centenaire de Xavier de Maistre : à propos de l’Idylle des  Cerises Académie  florimontane
Paul Tapponnier mdas 64 Mémoires et documents publiés par l’Académie salésienne. : Le vicaire Général  RUCHE et l’Académicien Georges GOYAU Académie  Salésienne 1948
Paul Tapponnier Le général Alexandre-Camille Taponier : 1794-1831 Académie Chablésienne tome 33
Paul Tapponnier MDAC : Une ainée Académie Chablésienne
Georgette CHEVALLIER Biographie : Paul Tapponier, un grand Salévien Echos Saléviens N°11 2002

 

 

ANNEXE 2

[1] Francoise Chateauneuf D’orsières se maria 3 fois ! la 3eme fois en 1571 à un Nicolas Picot. Claude était donc décédé avant 1571. source Galiffe Tome (1-2) page 493.  Elle est toujours appelé la taponiere meme après son 3eme mariage.

[2] Voir annexe 2

[3] Orsières est également un village du Valais Suisse !

[4] Recensement pour l’impôt

[5] Célèbre famille d’historiens et généalogistes de Genève (James Galiffe 1776-1853)

[6] Lien vers le document :   http://lapetitevachenoire.ovh/taponnier/Un%20mariage%20en%201709.pdf

[7] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6574838s/f36.image.r=TAPONIER p33)

[8] Compte rendu du procès en appel : http://www.lapetitevachenoire.ovh/taponnier/Dalloz_Recueil_hebdomadaire_de_jurisprudence_proces_andre_taponier.pdf

[9] http://lapetitevachenoire.ovh/taponnier/boisonnas%20et%20taponier.pdf

[10] Voir l’ouvrage de Claude Girod : Les enfants du Salève (2018)

[11] Nous avons pu remonter sa généalogie jusqu’en 1650, le relant ainsi à une branche du Châble-Beaumont par Tapponier dit Faguet Jacques et Etiennaz Courtay mariées en 1671 à Feigères.

[12] Association catholique de la jeunesse française.

[13] La plupart sont disponibles dans les bibliothèques des Sociétés Savantes de Savoie dont, pour certaines, il fut membre.

Page mise à jour le 18/09/2023